Le roman de Jim : leçon de résilience d’un père qui sait aimer | Radio-Canada (2025)

Le film Le roman de Jim, d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, a clos la 30e édition du festival Cinemania dimanche. Dressant une fresque tendre et crue d'une paternité inattendue qui échappe aux clichés, le récit cinématographique issu du roman de Pierric Bailly prendra l’affiche au Québec vendredi.

Le film s’ouvre sur une rencontre fortuite: Aymeric (Karim Leklou), un homme simple qui se laisse porter par les tournants imposés de l’existence, tombe sur Florence, une ancienne collègue, croisée dans une autre vie. Elle est enceinte et seule.

Quand Jim, le fils de Florence, voit le jour, Aymeric s’installe dans le rôle d'amoureux et de père, sans mode d’emploi, mais avec l’élan du cœur, jusqu’à ce que le père biologique refasse surface, sept ans plus tard.

Entre la campagne française et le Québec, Aymeric perd la trace de son fils d'adoption. On suit alors l'homme durant 25 années de sa vie, alors qu'il accepte tout ce que le destin lui impose, refoulant la peine qu'il accumule au fil du temps.

Les frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu se sont fait offrir cette histoire sans l’avoir cherchée. La paternité, c’est un thème qui a souvent traversé nos films, mais pas de manière sociologique, explique Arnaud Larrieu. Et puis dès qu'on a ouvert le livre, on a vu le ton, la manière dont parlent les personnages et à quel point on a l’impression de les connaître. Aymeric, c’est un personnage qui se laisse porter par la vie et qui a peu de désirs, ce qui le rend d’un réalisme assez cru.

Le Québec, le bout du monde

L'évocation du Québec est au cœur du film. Pour Aymeric, il s'agit d'un lieu inatteignable, intimement lié au départ de son fils d'adoption.

Ça aurait pu paraître tout simple si notre personnage avait été un homme riche et outillé. Mais déjà, si on s’imagine que ça peut lui coûter un mois de salaire de prendre l’avion pour Montréal, on comprend la montagne que cela représente et l’impuissance dans laquelle il se vautre et finalement se conforte, raconte Jean-Marie Larrieu.

Le roman de Jim: leçon de résilience d’un père qui sait aimer | Radio-Canada (1)

Selon Karim Leklou, interprète d'Aymeric, les films français montrent souvent des personnages qui veulent partir au Canada, comme s'il s'agissait d'une porte de sortie par rapport à leur propre société. On retrouve ce filon dans Le roman de Jim. Pour mon personnage, il y a deux frontières: mentale et géographique. Ça me touchait beaucoup de venir à Montréal pour la première fois, pour Cinemania, et ce, en faisant le trajet que mon personnage, lui, ne réussit pas à faire.

Publicité

Le pouvoir d'un personnage simple

Aymeric est un personnage gentil, doux, attentif, près de ses émotions et en constant laisser-aller face aux événements qui le portent plutôt que l’inverse.

Souvent, le cinéma nous habitue à des codes de narration où, quand il se passe un événement pour un personnage, celui-ci a une réaction extraordinaire, raconte Karim Leklou.

Pour lui, la force du récit se trouve justement dans la manière ordinaire qu'Aymeric a de traverser les événements. J’ai tout de suite aimé ce personnage qui est résilient, qui fait preuve d'une vraie force dans le fait d’accepter la place qu’on lui offre et qu’on lui reprend, ajoute-t-il.

Je n’avais jamais joué un rôle aussi rempli de douceur que celui-là.

Paralysé par un sentiment d’illégitimité, Aymeric est un personnage qui frôle les silences et se révèle dans sa réception stoïque des drames. Je trouvais que c'était un beau défi parce que le scénario est sans couture, dit-il. Il ne cherche pas à faire forcément pleurer ou quoi que ce soit. C’est une histoire de temps présent pour un homme qui a des blessures hyper fortes et qui les cache parce que c’est tout ce qu’il sait faire.

La preuve que l’on sert, c'est que le romanesque appartient à toute vie et à tout niveau social. Au fin fond de la campagne française, à travers la vie modeste de cet homme, il y a quelque chose de grand: une épopée dans les petites choses.

Une histoire sur 25 ans

Une histoire qui se déroule sur un quart de siècle, c’est complexe. Un film sur 25 ans, on ne l'avait jamais fait, affirme Arnaud Larrieu en entrevue.

Évidemment, toutes les années décrites dans le roman ne pouvaient se retrouver dans le film. Les ellipses sont moins fortes dans le roman, c'est plein de petits épisodes, explique Jean-Marie Larrieu. Plus on faisait des projections durant le montage, plus on enlevait les dates, plus on enlevait de voix off, parce qu'au fond, le fil conducteur était dans les personnages, qu’on suivait très bien. Cela nous permettait de déconstruire l’échafaudage.

Les cinéastes se sont réjouis que leur film prenne l’affiche au Québec. Tous nos films ont été montrés ici, donc on est venus régulièrement et ça nous rend très heureux, s'enthousiasme Arnaud Larrieu.

Le roman de Jim d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu prendra l’affiche au Québec ce vendredi 22 novembre.

À lire aussi :

  • Bergersde Sophie Deraspe: ce qui survient lorsqu’on se place en marge du monde
  • Bergers,de Sophie Deraspe, en ouverture de Cinemania
Le roman de Jim : leçon de résilience d’un père qui sait aimer | Radio-Canada (2025)

References

Top Articles
Latest Posts
Recommended Articles
Article information

Author: Dong Thiel

Last Updated:

Views: 5637

Rating: 4.9 / 5 (79 voted)

Reviews: 94% of readers found this page helpful

Author information

Name: Dong Thiel

Birthday: 2001-07-14

Address: 2865 Kasha Unions, West Corrinne, AK 05708-1071

Phone: +3512198379449

Job: Design Planner

Hobby: Graffiti, Foreign language learning, Gambling, Metalworking, Rowing, Sculling, Sewing

Introduction: My name is Dong Thiel, I am a brainy, happy, tasty, lively, splendid, talented, cooperative person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.